10.21410/FK2N0TVZT
Schiltz, Marie-Ange
(EHESS, CNRS)
Enquête Gai Pied Hebdo 1992
data Sciences Po
2020
doi:10.21410/FK2N0TVZT/HJGORE
En 1985, Michael Pollak initie un programme de recherche sur les bisexuels et homosexuels face au sida. A l'époque, ceux-ci représentent la moitié des cas de sida enregistrés en France, d'où l'intérêt de collecter des informations sur leurs modes de vie en vue d'élaborer des actions de prévention qui leur soient spécifiques. A partir de 1992, suite audécès de Michael Pollack, c'est son assistante, Marie-Ange Schiltz, qui est responsable de l'enquête. Il est important de noter qu'un groupe social minoritaire est toujours difficile à étudier, car l'on se heurte généralement à des problèmes de représentation et de taille de l'échantillon. Les homosexuels forment à l'époque un groupe social minoritaire et stigmatisé, pour lequel les critères d'appartenance ne sont pas visibles. Ces difficultés expliquent le choix de l'enquête répétée, diffusée par voie de presse, qui permet de recruter rapidement et à peu de frais un grand nombre de répondants. Cette recherche se consacre à l'étude de deux problèmes distincts, mais intimement liés, à savoir la gestion de l'identité sexuelle, socialement réprouvée, et l'inquiétude liée au risque de santé qui est renforcée par l'impuissance médicale. En effet, à l'époque, à la perception d'une déviance liée à l'orientation sexuelle était venue s'ajouter l'expérience de la séropositivité et la stigmatisation qui pouvait lui être liée. Afin de concevoir et d'évaluer une politique de prévention adaptée aux bi- et homosexuels masculins il fallait nécessairement connaître les pratiques sexuelles et les représentations sociales de cette population. Les enquêtes Gai Pied Hebdo, puis les enquêtes Presse Gaie forment la pièce centrale de ce programme de recherche. Ces enquêtes permettent d'étudier, au-delà de la diversité des modes de vie et des réactions face au sida, la pratique du «safer sex», l'acceptation sociale de l'homosexualité, la perception des campagnes pour lutter contre le sida ou encore le niveau de tolérance des hétérosexuels vis-à-vis des homosexuels. De nouvelles questions portant sur les négociations qui s'effectuent autour du préservatif, lorsque les deux partenaires ont des comportements différents, ont fait leur apparition en 1992. Par rapport à l'enquête de 1991, des questions sur les modes de rencontres et la séropositivité ont été réintroduites.
Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Association pour le développement des recherches et études sociologiques, statistiques et économiques (ADRESSE)